rappel géographique

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BUENOS AIRES; T-t-t-t-t-tango !

Buenos Aires, donc.
Difficile de retranscrire avec cohérence ces quelques jours, qui n'en avaient pas (de cohérence). Il y a tant à dire sur la ville, sur le pays, que je ne sais pas bien par où commencer. J'avais prévu d'y passer quatre, cinq jours, pas plus; j'en pars avec difficulté après deux semaines. Non que la ville soit incroyable en soi: c'est une ville (tentaculaire ! 200km de long. 13 million d'habitants, 1/3 de la population du pays sur 1% de son territoire), avec des immeubles, des voitures, des odeurs de moisi quand on se promène, et des gens qui grognent quand on lambine en prenant le bus. 


  
     Mais pour moi c'était des semaines de vacances dans les vacances, à suivre mes amis argentins Sabrina et Guido dans leur quotidien. Faire les courses dans les boutiques du coin, prendre le bus, aller les chercher à la sortie du travail, se promener ensuite, accompagner Sabrina à la messe-protestante (oui... je ne pourrai pas dire ce qui s'y est dit: le sermon en français, j'ai déjà du mal, en espagnol, j'ai décroché après deux minutes pour regarder les gens. Et écouter les chants aussi, très jolis !), rencontrer leurs amis, les écouter parler de choses et d'autres, essayer d'atténuer la fascination générale pour la France ("pays de liberté, égalité et fraternité", de l'extérieur on y croit encore). 

     Comme je suis devenue complètement paranoïaque, je ne sors plus beaucoup mon appareil photo (du moins pas aux endroits où l'on s'attend à ce que je le sorte). Alors je n'ai pas de photos des "grands" monuments, le teatro Colón, la plaza de Mayo, l'obelisco, etc. Juste quelques images éparpillées.

La Verdureia d'à-coté-de-chez-Sabrina

Les fameux distributeurs d'eau-chaude pour le maté

à propos de Maté, David revisité. J'aime beaucoup !

Buenos Aires, comme beaucoup d'autres villes, pleine d'arbres, de plantes, de fleurs. 
 



 Le Gomero. Un ENORME arbre, qu'on voit un peu partout dans la ville

 Tellement ENORME qu'il faut constuire des statues pour porter les branches. 
Au fond on voit le tronc, ce n'est qu'un seul et même arbre !

 barrière de cactus

 
Río de la Plata (note: Plata = argent, Palta = avocat - truc vert qui se mange -, ne pas fourcher) 
qui ne donne pas, mais pas du tout envie

 Et pourtant...
 
Aïe aïe aïe, j'aurais voulu l'embarquer avec moi

 Pour ce qui est de l'architecture, il y a de tout. Des barres d'immeubles, des anciens bâtiments industriels reconvertis en centre-commerciaux. Un peu partout, des édifices comme ceux que l'on pourrait rencontrer à Paris, Bordeaux ou autre (type hausmanien, avec des ordres d'architecture et tout le tralala), mais peints en rose, ou jaune, ou vert,  ce qui égaye un peu tout ça. 

Librairie El Ateno, ancien théâtre á l'italienne transformé en une superbe librairie

 Dans un autre genre: un ancien marché couvert, devenu centre-comercial gigantesque, 
avec des boutiques, des restaurants (type macdo), un cinéma, et même une fête forraine, allez.

 

Un point sur le quartier de la Boca. 
Réputé comme l'un des plus dangereux de la ville (exception faite des bichas, sortes de bidonvilles pas si éloignées, mais moins attractives, il n'y a pas encore d'"excursions" là bas... ça ne devrait pas trop tarder cela dit), c'est aussi l'un des plus touristiques. Je cite le guide du routard: 
"Ce n'est pas le quartier le plus sur de la ville. On nous a d'ailleurs relaté plusieurs cas d'agression en plein jour, alors prudence ! Allez-y en taxi et ne vous écartez pas des grandes rues et des lieux d'affluence, on vous déconseille de vous aventurer dans le dédale des autres rues de ce quartier. Cela-dit, population joviale et affable, plein d'instantanés à saisir".
 Donc concrètement, s'y promener donne l'impression gênante d'être dans un safari. Des bus de touristes, qui suivent tous le même parcours (Caminito), et s'arrêtent avec leurs gros-appareils-très-chers (jalousie ? Peut-être) pour prendre des gens "typiques" en photo (une jeune fille à la fenêtre, un cireur de chaussures, un cordonnier). Ce qui me pose problème, ce n'est pas de prendre des gens en photos, mais la manière de le faire. Dégradante, en l'occurrence. Quatre étrangers autour d'un passant, un peu vieux, un peu bronzé, "du coin" quoi, qui le prennent dans tous les sens en l'empêchant d'avancer, et lui laissent une pièce en partant. 
Et pourquoi ici plutôt qu'ailleurs ? Parce que le quartier est vraiment très joli. Dans les années 1930, le peintre Quinquela Martin y fait construire une école, et demande aux habitants de venir en peindre les murs. Ça a lancé une mode dans le quartier, où tous les habitants ont commencé à peindre de toutes les couleurs les maisons (précaires, à cause des innondations récurrentes) de taule et de bois. 
J'ai pu y aller avec un porteño, donc sans taxi, en bus, et sans suivre la marrée de gens. En s'éloignant un peu, c'est tout aussi joli, et beaucoup plus calme (vide, en fait). 
(je ne jette pas la pierre aux gens qui y vont en taxi hein, ou qui suivent le circuit. Il est difficile de savoir comment se positionner quand on est seul, surtout quand on lit le danger dans tous les guides. Mais certaines attitudes me laissent pantoise). 




    Autre particularité de Buenos-Aires (de l'Argentine ?): la corruption (politique, policière, etc). On me raconte des histoires qui font froid dans le dos, par manque de sources je ne vais pas les relayer.  Mais la dernière affaire importante, c'est celle du procureur Nisman, assassiné le 18 janvier dernier, alors qu'il enquêtait sur la présidente Cristina Kirchner. L'affaire est complexe, je ne me sens pas de la résumer ici, encore moins d'y proposer une explication (il y a tant d'hypothèses ! La présidente l'aurait fait assassiner ? Ou on l'aurait assassiné pour salire l'image de la présidente ?). Mais elle est très présente dans la ville.



Quelques musées, aussi. Des églises. Je peux enfin illustrer le "Kitsh" des vierges d'ici:

 Elles font même un peu peur

Et puis surtout, Surtout SURTOUT, un tableau de Juana Romani, non seulement dans une exposition du musée des Beaux-Arts, mais aussi en affiche de l'expo ! Incroyable. J'ai renoué avec l'expérience-recherche le temps d'un après-midi, à la bibliothèque du musée et en discutant avec les organisateurs de l'exposition, passionnant (pour quelqu'un qui a passé deux longues années à chercher des pistes sur cette inconnue qui n'intéressait personne).


Le temps file à toute vitesse, et je dois déjà partir prendre mon bus (ou plutôt ranger ma montagne de bordel pour prendre mon bus dans quelques heures). Quelques illustrations du Tango, je complèterai plus tard.

 






 



el calor me mata


    L'arrivée à Mendoza (vendredi 24, à 7h du matin, et déjà 35 degrés), c'est le début d'une longue histoire de poisse électronique. Tous mes appareils ont la grippe (ou m'ont en grippe, à voir). Mon chargeur de téléphone a mystérieusement disparu. Mon téléphone, déjà bien malade, se met à s'éteindre intempestivement. Mon mp3 fait pareil, allez, tant qu'à faire. Et et et, premier jour à Mendoza, mal réveillée avec cette chaleur étouffante et la nuit dans le bus, alors que je discute tranquillement avec Pattrick l'australien (oui, toujours lui, on se croise et se recroise), mon appareil photo disparaît. À 12h30, je l'avais, à 12h38 je l'avais plus. La magie de l'Argentine. 
Mais si ça s'arrêtait là, ce serait pas drôle. Grâce à mon mécène (et patient ! avec l'âge tout arrive) de padrecito, j'ai pu me racheter un appareil. Et j'ai donc repris des photos. Jusqu'à ce que la carte mémoire me dise qu'elle en a marre, elle aussi, de bien marcher. 
Le point positif est que maintenant que tout y est passé, je risque plus rien.
Mais du coup je n'ai que peu de photos, allez, courage, il va falloir lire. 


     Mendoza donc. Une grande ville, d'un million d'habitants (quatrième ville du pays). Avec tous mes problèmes à régler (l'appareil photo, mais aussi les banques, toujours toujours toujours), j'ai pu la traverser dans tous les sens. Et il y a des choses que j'y ai vraiment aimé. Les longues et larges rues bordées de platanes et de palmiers, le grand parc, les vieux bâtiments colorés, les terrasses sur le trottoir, la vie qui s'y arrête entre 13 et 17 heures, le système d'irrigation des arbres. Chaque soir, un peu de vent et des éclairs, on espère la pluie, mais non. 


    Autour de Mendoza, il y a essentiellement des vignes, et la grande sortie du coin, c'est d'aller en vélo faire le tour des bodegas, et déguster tous les vins. Mais bon, le vélo je connais, les vignes aussi, et l'idée d'aller pédaler au soleil quand il fait 40 degrés à l'ombre en picolant du vin rouge me tentait moyennement. 
Et à la place, je suis allée à l'autre sortie du coin (touriste tu es, touriste tu resteras), sur la route des Andes (ruta 7), qui traverse la Cordillère, pour aller jusqu'au Chili. Une grosse galère pour les bus (quand mon bus décide de doubler un autre bus alors qu'une voiture arrive en face et que la route longe un précipice, ça me crispe). Mais des panoramas magnifiques, des montagnes de toutes les couleurs, et des glaciers suspendus aux sommets. Une jolie vue de l'Aconcagua (en Inca Acon Cahuac = Sentinelle de pierre), la plus haute montagne du continent Américain, qui parraît plutot rikikie vue de loin. Des restes de l'ancienne voie ferrée, celle qui a permis de désenclaver la région avant le développement des gros camions. Des stations de ski, à l'architecture aussi douteuse qu'en France. De toutes petites villes, désertiques, qui font vraiment minuscules au milieu de ces grandes montagnes. Et le puente de Inca, une formation gélogique curieuse et jolie.
(sur cette partie là, j'ai eu le temps de charger quelques photos)





Il y a vraiment une piste à approfondir (un sujet de ménoire en histoire de l'art ?) sur l'architecture moche des stations de ski, internationale

Le petit truc enneigé au fond donc, c'est la grosse montagne. 6962 mètres quand même. 







El puente del Inca. 
Une arche naturelle recouverte de concrétions calcaires jaunâtres. Mais comment ? (me demanderez-vous, après trois nuits de réflexions sur ce curieux phénomène. Heureusement, monsieur le guide du routard (ou madame, d'ailleurs) nous renseigne et nous évite l'insomnie: jadis, un pont de neige très solide s'était constitué; il fut recouvert par les débris d'un éboulis, et au fil du temps, ces débris se sont trouvés cimentés par le calcaire provenant des eaux thermales. Ouf, mystère résolu). 

Le río Cuevas, maronasse - j'arrête de me baigner dans les lacs et rivières, du coup. 

     Après ces quelques jours à Mendoza, besoin de calme et de campagne. Bus pour le village de San Agustin valle Fertil. Un petit village, fertile, comme son nom l'indique, qui contraste avec le désert alentour (cactus et terre rouge partout). Là, des arbres, une rivière, une petite auberge colorée (des murs rouges, jaunes et bleus), et vide (seule dans un dortoir de huit lits, pour le calme, c'est gagné). J'aurais aimé y rester plus longtemps. Mais mauvaise gestion de mon liquide.

    En route pour y aller (huit heures de bus quand même), passage à l'oratorio de la difunta Correa (pas de photos, enfin si, mais sur ma carte malade). Pendant la guerre de 1840, Deolinda Correa part avec son bébé à la recherche de son mari conscrit. Mais elle meurt de faim, de soif, et d'épuisement (ce qu'on comprend facilement quand on voit les paysages d'ici). Quand les muletiers la retrouvent, quelques jours plus tard, l'enfant, au sein de sa mère (morte), vivait toujours. C'est un peu glauque comme histoire, mais ça a donné naissance à une sorte de Lourdes sud-américain. Des milliers de pélerins viennent chaque année y déposer des objets qui symbolisent ce sur quoi les faveurs du Ciel sont attendues. Il y a beaucoup de plaques d'immatriculation... vu comme ils conduisent, les routiers ont bien raison de demander de l'aide au Ciel ! 

    Depuis le village de San Agustin, des promenades à vélo, jusqu'aux cerros des environs, fascinée par tous ces cactus. J'ai vu mes premiers phasmes en liberté (et non pas dans la chambre de mes parents ! Pourquoi est-ce que j'ai ce souvenir de phasmes dans un vivarium à L'isle d'abeau ? Pourquoi on a eu des phasmes ?), de gros lézards verts, des cochons d'inde (casse-croûtes des serpents, mais pas vus) et des condors.
   Une journée au parc Talampaya (touriste, touriste encore). Un immense cannyon, avec d'immenses parois rougeoyantes. Magnifique. La vie y semble p`lus qu'hostile, et pourtant. C'est là qu'ont été découverts des squelettes de dinosaures (mais là, la nature était différente). On peut encore y voir des pétroglyphes qui dateraient de 2000 ans BC, avec des caravanes de lamas et des signes bizarres. Et plein d'arbres et d'animaux (je pleure mes photos). 





Le Nandú ! Sa cousine l'autruche a l'oeil plus gros que le cerveau... 

























Et le Maras, lapin géant, qui a vraiment l'air croisé d'un chevreuil (mère nature, tu nous expliques ?)

    Une courte nuit dans le bus, et je me réveille à Cordoba. Nouveaux paysages et nouveaux climats, sans aucune transition, je ne sais pas si j'aime trop ça (je crois pas). 
Cordoba, deuxième ville du pays (1,5 million d'habitant, toujours plus), développée par les jésuites, et aujourd'hui plutôt étudiante. 
Je retrouve ce phénomène naturel que j'avais presque fini par oublier: de l'eau qui tombe du ciel, mais oui mais oui, il pleut aussi parfois en Argentine ! Ca fait un bien fou. Mais ça augmente tout autant ma flemme et mon envie de rester au lit pour bouquiner. Du coup j'ai bien vu l'auberge, jolie et colorée. Et vide ! 


    Bon, je suis quand même sortie voir comment c'est. Et, pluie obligeant, je me suis réconciliée avec mes vieux-démons que sont les musées. Plusieurs mois que je les évitais soigneusement (quelques traumas peut-être ?). Et en fait c'était vraiment bien. Le musée d'art religieux, dans un ancien monastère, avec des Christ sanguinolants et des vierges toutes plus kitch les unes que les autres; le musée histórico de la Universidad; et des églises, plein d'églises !

L'Iglesia Catedral, commencée en 1599, et terminée au XIXème siècle !

Sur les tours de la même église, des anges sculptés par les indiens: jupes en plusmes d'autruche ! J'aime beaucoup.

Une autre église, mais j'ai oublié laquelle

Et l'Iglesia de la Compañia de Jesús, la plus ancienne d'Argentine. Voute en coque de bateau renversé, ouahou

Ouais...



Et puis surtout un super endroit pour manger des empanadas miammiam ! 
Sur les murs, des petits mots du monde entier. On trouve de tout

Cordoba est entourée de sierras, des montagnes, des rivières, des villages cachés.
Du coup, j'ai fui, et j'ai bien fait.
Quelques jours à San Marcos Sierras, le paradis (à part la chaleur revenue). Pour le coup c'est vraiment un village hippie. Cheveux longs, pieds nus et musique à chaque coin de rue (je fais dans le cliché, c'est gros, mais ça rend bien l'ambiance). Deux rivières, le río San Marcos, vraiment marronasse, et le río Quilpo, un peu plus loin mais beaucoup plus joli, avec des grosses pierres et des piscines naturelles, ça me rappelle Anduze. Des journées au bord de l'eau, dans l'eau, ou dans le hamac, et des soirées à écouter des concerts de musique d'ici, le tango et la chacalera.
(par contre le village hippie est pas à jour sur les ordinateurs, celui-ci rame tellement que je risquerais de m'énerver si je persistais un peu plus et ce serait bien dommage. Les photos viendront donc un peu plus tard, je pars demain pour Buenos Aires)












(ps Notes de look: Pour maîtriser un peu mes cheveux qui prennent beaucoup trop de libertés, j'ai essayé de les couper toute seule, ce qui est loin d'être un succès. Ajouter à ça le parapluie-barbie acheté à Cordoba, bleu transparant sans paillettes mais presque, le sac à dos chaque jour un peu plus chargé (j'arrive pas du tout à me séparer des livres que je lis, ce qui devient problématique), ça donne idée de la bestiole)