rappel géographique

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Vers les nuages, vers la Bolivie

    Vingt-trois heures de bus entre Iguazu et Tucuman. On avait prévu tout un tas d'activités (chercher tous les numéros de département français, s'ennuyer, se faire des interros d'espagnol, s'ennuyer, décliner le petit bac autant que possible, ...) et finalement ! Entre les moments où on dort, ceux où on (je) scotche devant des films vraiment vraiment nuls et les délicieux plateaux repas (c'est une blague), on a pas vu le temps passer. D'autant que le co-chauffeur a organisé un "Bingo" impromptu, tout un bus en folie (c'est encore une blague, pas pour le Bingo non non, mais pour le bus en folie)
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Tucuman. Une fois sortis du bus (de nuit), surprise: il pleut tellement que la ville s'est transformée en une sorte de marre géante, et que les taxis ne veulent pas sortir. Donc on attend, jusqu'à ce qu'un taxi intrépide nous embarque, jusqu'à l'appartement de Marcos (couch-surfing), appartement que Marcos nous laisse en entier pour les deux nuits tucumaniennes. Incroyable !! Une cuisine une vraie, un chambre pour moi toute seule, une salle de bain à ne partager qu'à trois, et surtout, une machine à laver. Le grand luxe. 
La ville est décrite comme "Moche" par le guide du routard qui ne prend décidément pas de pincettes (j'entamme une étude comparée des guides du routard: ceux de la Bolivie et du Chili sont bien plus marrants que celui de l'Argentine. Mais passons). Bon, pas de chance, pour nous il tombait une petite pluie (petite mais continue) qui corroborait plutôt les infos du guide. Une ville grise sous un ciel gris, question contrastes, on a fait mieux. Mais c'est bien aussi, de ne pas voir que ce qui est beau !


Tucuman... voilà, ça repose les yeux


   De Tucuman, encore le grand luxe, on loue une voiture. Et on part à l'aventure, plein nord.
Plusieurs choses sur le nord. 
D'abord, ça n'a rien à voir avec le sud du pays, ou avec Buenos-Aires. Là, les gens vivent beaucoup plus "traditionnellement", les femmes avec les jupes colorées, de longues tresses et des chapeaux incroyables. Des enfants port'es sur le dos avec un tissu. Maintenant que je suis en Bolivie, je trouve que c'est une bonne transition. 
Et puis, sur la route qui mène depuis Tucuman jusqu'à la Quiaca, ville frontalière, une diversité de paysages folle, des canyons aux grandes plaines, avec un salar et des montagnes colorées. 



     Conduite à l'argentine (c'est-à-dire sans clignotant, sans priorité à droite, mais avec priorité à la plus grosse voiture, et abondance de klaxons), on s'extirpe de Tucuman. Quelques kilomètres d'autoroute, où on longe des plantations de canne-à-sucre, avant de partir sur des voies qui pour le coup n'ont rien d'autoroutes.
On passe dans la Quebrada de los Sosa, une route petite, et sinueuse, qui suit la rivière et semble se frayer tant bien que mal un chemin au milieu de la végétation exhubérante qui la borde. Pause repas au village de Tafí del Valle (où l'on fait la découverte de l'humita, plat local, qu'affamés, on commande en trois exemplaires et en grandes assiettes. Ce qui n'était pas la meilleure idée du monde. Quand il est bon, c-est bon, quand il est pas bon, c'est aspect et gout vomi. Là, il n'etait pas bon).


  
   Et puis on repart, on passe un col dans les nuages, pour arriver sur l'autre versan de la montagne. On est à 3000 mètres, il n'y a plus d'arbres, une rivière au fond, quelques traces d'anciennes maisons. On descend, on descend, toujours pàs trop d'arbres, mais les cactus se font de plus en plus nombreux. Découverte: non, les cactus ne sont pas des choses molles et pleines d'eau, mais ont bien une "armature" en bois.






Une nuit à Amaicha, à trois dans un dortoir de treize, on se replie sur l'autre spécilaité locale (les empanadas, une valeur sûre), avant de reprendre la route, au nord, toujours au nord.



   On s'arrête sur le site de Quilmes: au milieu des cactus, des ruines (un poil reconstituées) de la forteresse construite par les Quilmes, dans les années 1000, dans une espèce d'amphithéâtre naturel formé par les montagnes. Haut lieu de la résistance indienne au moment de la conquête espagnole, le village résista pendant 130 ans, avant que ses habitants soient vaincus (1667) et déportés pour participer à la construction de Buenos Aires... joli joli.
Les maisons forment un labyrinthe de pierre. Tout en haut (pas facile d'accès en sandalettes, encore moins en sandalettes cassées), la maison du chef, qui devait avoir bien du souffle (et être bien chaussé) pour se faire le trajet tous les jours et plusieurs fois par jour. Mais tout en haut, il y a aussi une vue spectaculaire sur toute la vallée.







     Passage rapide à Cafayate. Les paysages qui suivent n'ont rien à voir: après les pierres grises de Quilmes, on voit des montagnes qui rougissent, et attrappent les nuages. La route passe les vignobles, une forêt de pins sur des dunes de sable blanc (à 2000 mètres ! Avant la formation des Andes, c'était l'océan), avant de s'enfoncer dans la "quebrada de las conchas". Belle couleur rouge de la roche, avec des arbres d'un vert fluau surréaliste. Avec la lumière de fin-de-jour, c'était magnifique.















L'anfiteatro, la on va carrément dans la montagne. Chant des perroquets, accordeon et flute, tout un orchestre.

Et puis comme la nuit est tombee, on s'arrete dans ce qui semble etre la seule ville du coin, Vina. Pas touristique pour le coup. Une vieille dame nous heberge, et nous recommande le seul endroit des environs ou manger un morceau: la station service. 


   En repartant le lendemain, on sapercoit quen fait il y avait bien d'autres villes apres Viña. El Carril notamment, pas très joli, mais avec fête de village, chants à la sono, et merveilleux asado.



   Et puis, peu à peu, on arrive à Salta "la belle". Grande ville, témoin d'histoires récentes assez glauques, endormie le dimanche. Des bâtiments qui surprennent: baroques, néo-gothiques, ou ultra-modernes. Pour le coup, on a arrêté les spécialités locales, et on est allés... à Mac DO ! Qui est une spécialité locale en soi. 

La cathédrale de Salta, qui ressemble à un gros gâteau à la crème. 

À Salta, c'est joli, mais on ne s'attarde pas: toujours toujours on monte au nord. 
Quelques difficultés pour sortir en voiture de la ville. Le système des "quadras", avec rues en sens unique alternant est bien pratique, sauf quand il est aléatoire ! 
Une route d'abord bien verte, la ruta de la Cornisa, virages, beaux panoramas, et papillons en folie. 


     Puis profitant de la voiture, on essaie de s'aventurer aux lagunes de Yala ("Yalaaaa yalaaa"). Aventure aventure, la pauvre petite voiture doit passer dans des ruisseaux, puis grimper une montagne sans route asphaltée. On est allés assez haut, jusqu'à ce que la pluie nous fasse rebrousser chemin, mais pas vu de lagune. 




En reprenant la route normale, les paysages changent à toute vitesse. D'abord, des vallées pelées, avec sur la gauche de grosses montagnes vertes et rondes qui ressemblent à des monstres endormis, tandis que sur la droite, des falaises à vif. 





   Et puis, peu à peu, les montagnes se colorent: la Quebrada de Humahuaca. On conduit en parallèle au río Grande (à sec d'ailleurs, la soi-disant grande rivière) et sur les montagnes, on voit appraraître du rouge, mauve, beige, etc. Le village de Purmamarca est au coeur de la Quebrada. En marchant un peu (oui, quand même, on ne fait pas que rentabiliser la voiture), on arrive au Cerro de los sietes colores, enserré dans des montagnes plutôt grises. Incroyable, super beau, magnifique. 







Monticules de pierres = offrandes pour la Pachamama (déesse mère).
 Entre les cailloux, des billets, des clopes et des bouteilles, elle va être bien la Pachamama !



   À l'ouest de Purmamarca, les salinas grandes, sur la route qui mène jusqu'au Chili. Pour y aller, on monte on monte près des nuages, jusqu'à 4000 mètres, et puis on redescend sur une route toute droite, jusqu'à cette immense désert blanc, étendue de sel délimitée seulement par les montagnes que l'on voit au loin. 





La vigogne ! Bien plus sympathique que le lama, quoi qu'à tendances suicidaires 
(sur une route désertique, elles ne décident de traverser qu'au moment où passe une voiture)

    Enfin, mes deux francesitos de genio m'ammènent jusqu'à Tilcara, avant de reprendre la route pour le sud. 
Tilcara, c'est comme Purmamarca, coincé dans les montagnes et très joli. Il y a de magnifiques ballades. Ça aurait été encore plus joli si il n'y avait pas eu des punaises dans mon lit, qui m'ont pourri la vie pour les jours suivants. 

Les studieux à l'auberge. C'est joli mais plein de puces berk berk berk 





 C'est donc seule et couverte de boutons horribles que je pars pour Humahuaca, petite ville tranquille, qui sert de point de départ pour Iruya.
Une histoire jolie à Humahuaca. À l'arrivée des colons, les indiens de la région qui vivaient du commerce et de l'agriculture n'avaient pas les moyens de se défendre. Ils firent donc recours à la ruse: tous les tissus et vêtements des habitants furent réquisitionnés pour habiller les cactus des crêtes entourant la vallée. À la vue d'une armée si nombreuse, les Espagnols prirent peur et décidèrent de contourner la région, ce qui laissa quelques dizaines d'années de répit aux indiens. 

 Humahuaca

 Humahuaca encore

La route pour Iruya... 70km, et trois heures. Je retire tout ce que j'ai dit sur les autres routes, elles étaient des promenades de santé. Là, c'est un chemin, un chemin à coté d'un précipice, sur lequel passe un gros bus, parfois une roue dans le vide mais on rigole et on continue. 
Pas de signal à Iruya, pas internet, seulement un dédale de maisons entre les montagnes, toutes sur plusieurs étages. Un mirador aussi, où des policiers viennent se prendre en photo. L'idée était de marcher quelques heures jusqu'à un autre village, San isidro, encore plus perdu. Mais il a plu, la rivière était en crue, et on m'a conseillé de faire demi-tour, ce que j'ai fait. Triste. 













   Au retour à Humahuaca, je rencontre trois françaises qui me proposent de m'embarquer dans leur voiture de location jusqu'a la frontière. Encore une fois, on s'éloigne de la route principale pour monter dans les montagnes. 50 km de piste caillouteuse, parfois agrémentée de boue (on met à mal la voiture). À plus de 4000 mètres, il n'y a carrément plus d'arbres, mais des lamas, des vigognes et des oiseaux. Souffle court et tête qui tourne. 












 Après tout ça, on se rapproche de la frontière, à la Quiaca, qu'on contourne pour aller dormir au petit village aux murs en pisé de Yavi. La tente est plantée de nuit, sous un ciel étoilé magnifique, le risotto est presque cuit (pas facile non plus de cuisiner si haut), et on se caille comme jamais dans la nuit.
Mais au réveil: surprise du paysage !



 Et on a passé la frontière, un pont à traverser, des papiers à signer, très (trop ?) facile pour des françaises, et me voilà en Bolivie, mais cet article est déjà bien assez long et ennuyeux.